Dépôt-vente et location de vêtements : comment les produits circulaires redéfinissent l’économie de la filière textile

L’économie circulaire bouscule les codes de l’industrie textile. Face à l’impact de la production textile sur l’environnement, les marques doivent repenser leur façon de concevoir et de vendre leurs produits textiles.
Le dépôt-vente et la location apparaissent comme des réponses concrètes à ces enjeux : ces stratégies de ReCommerce prolongent la vie des vêtements, réduisent les déchets de l’industrie textile et encouragent le recyclage. Dans cet article, nous verrons comment ces alternatives transforment la filière textile, leurs avantages et les nouvelles dynamiques qu’elles dessinent.
Le dépôt-vente : un modèle économique en plein essor
Le fonctionnement du dépôt-vente
Le dépôt-vente est un modèle de commerce où des particuliers confient leurs articles textiles à un commerçant afin que celui-ci les vende pour leur compte. Dans ce cadre, le vendeur agit comme intermédiaire : il commercialise les articles sans toutefois en devenir propriétaire.
Dans l’industrie textile, cette approche permet de prolonger la vie des vêtements en leur offrant une seconde vie. Ce modèle favorise la réutilisation et le recyclage plutôt que la production de produits textiles neufs. Il s’inscrit dans l’économie circulaire et répond à une demande croissante des consommateurs qui cherchent à allier économies, environnement et démarche durable. D’après le rapport 2024 de ThredUp, le marché mondial de la seconde main textile pourrait atteindre 350 milliards de dollars d’ici 2028.
Avant d’être remis en vente, les articles textiles passent par un tri rigoureux permettant d’évaluer leur état. Pour que cette approche durable fonctionne, le commerçant doit fixer des critères précis de sélection des articles déposés. Cette stratégie peut aussi s’articuler avec des dispositifs de recyclage pour les pièces textiles invendues.
Les avantages pour les consommateurs et commerçants
Les consommateurs accèdent ainsi à des articles textiles de qualité issus du recyclage à des prix inférieurs à ceux du neuf. Aujourd’hui, 50 % des consommateurs en France ont adopté la seconde main. Ce modèle leur offre la possibilité de revendre facilement des vêtements, tout en générant un revenu. Il encourage une approche durable en limitant l’empreinte de l’industrie textile liée à la production de nouveaux articles. Prolonger la vie des produits est un geste essentiel pour limiter les déchets.

Du côté des commerçants, le dépôt-vente représente une opportunité commerciale à faible risque, puisqu’ils ne deviennent pas propriétaires des produits. Cela réduit les coûts liés aux stocks et aux invendus. Son intégration améliore l’image des entreprises de la filière textile, en mettant en avant un engagement concret en faveur d’un commerce durable. Ce système basé sur le recyclage des produits élargit la clientèle en attirant de nouveaux usagers.
L’impact sur l’économie circulaire
Sur le plan de l’environnement, ce modèle contribue directement à réduire la consommation de matières utiles à la production, tout en favorisant le recyclage des vêtements déjà existants. En prolongeant la durée de vie des produits textiles, le dépôt-vente limite la génération de déchets de la filière textile. D’un point de vue économique, ce recyclage crée un cercle vertueux où les articles textiles retrouvent une valeur marchande au lieu d’être jetés.
Le dépôt-vente modifie progressivement les habitudes de ses usagers en les orientant vers une consommation textile plus durable. À mesure qu’il gagne en popularité, il contribue à démocratiser des comportements durables et à rendre la filière textile plus respectueuse de l’environnement. Le recyclage s’impose comme un maillon essentiel de l’économie circulaire, notamment pour les vêtements en fin de vie.
Dans le cadre de son engagement en faveur de l’économie circulaire, Kiabi a lancé Kidkanaï, un nouveau concept de vente d’occasion. L’entreprise a choisi la solution Orisha Commerce pour accompagner cette initiative dans l’optimisation de la gestion des articles textiles de seconde main.
La location : une alternative durable pour l’industrie textile
Les vêtements et accessoires proposés
Si à l’origine la location dans la filière textile concernait principalement les articles dédiés à des évènements comme les mariages, la gamme s’est considérablement élargie. Aujourd’hui, elle inclut des vêtements haut de gamme, permettant aux usagers d’accéder à des pièces de luxe sans supporter leur coût d’achat. On trouve aussi du prêt-à-porter adapté à la vie professionnelle, pour les consommateurs désireux de renouveler leur garde-robe tout en restant durables.
En parallèle, les vêtements dits techniques bénéficient aussi de la location. Les usagers peuvent ainsi profiter d’équipements spécialisés sans investir dans des pièces qui seront peu utilisées. Les vêtements outdoor loués intègrent souvent des fibres techniques adaptées à un usage intensif. Les accessoires suivent également cette dynamique. Cette stratégie illustre une évolution profonde des pratiques de consommation dans la filière textile, où l’usage remplace progressivement la propriété.
Les acteurs clés du marché
Le marché français de la location textile s’articule autour de trois grandes catégories d’acteurs :
- Les plateformes spécialisées ;
- Les marques premium ;
- Les enseignes de prêt-à-porter traditionnelles.
Des services comme Le Closet proposent des abonnements mensuels permettant de louer des vêtements en illimité. D’autres plateformes se concentrent sur les pièces textiles de luxe, offrant des articles de grandes maisons. Des enseignes comme Maje explorent également la location textile, notamment pour des tenues d’un soir.
L’enseigne Kiabi a lancé une phase de tests sur quelques-uns de ses magasins, en proposant des formules d’abonnement permettant de louer jusqu’à 20 vêtements pour une durée flexible.
Les bénéfices environnementaux et économiques
Côté environnement, la production de la filière textile génère encore aujourd’hui d’importants volumes de déchets. Dans une stratégie d’économie circulaire, louer plutôt qu’acheter limite les impacts liés à la fabrication et l’utilisation de matières premières par l’industrie textile. D’un point de vue économique, la location dans la filière textile permet aux usagers d’accéder à des articles de qualité, à moindre coût. Ce système encourage l’usage temporaire plutôt que l’achat permanent.
Pour les marques de la filière textile, cette stratégie de Recommerce constitue une opportunité de générer des revenus réguliers. Elle permet aussi une gestion optimisée des stocks, puisque les produits textiles retournent dans le cycle plutôt que de finir en invendus. Cette approche limite la production de déchets et attire une clientèle plus engagée.
Les tendances actuelles de la filière textile dans l’économie circulaire
L’évolution des comportements d’achat des consommateurs
En 2024, 61 % des consommateurs en France ont acheté un produit d’occasion, avec un engouement marqué pour les produits textiles de seconde main et le recyclage.

Ce virage vers une économie circulaire s’inscrit dans une dynamique plus large, puisque certaines études estiment qu’un changement significatif des habitudes d’achat pourrait permettre de réduire jusqu’à 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Les consommateurs se montrent également plus sensibles aux efforts de recyclage annoncés par les marques.
Face à cette prise de conscience, de plus en plus de détaillants ajustent leur offre, et mettent en place des stratégies pour sensibiliser leurs clients aux produits textiles durables. Pour aller plus loin, certaines marques de mode revoient leur stratégie de production pour l’adapter à la demande réelle, et ainsi réduire leur impact sur l’environnement.
L’intégration des pratiques circulaires par les grandes marques
Plusieurs enseignes de la filière textile, telles que Patagonia ou Levi’s, ont mis en place avec succès des approches circulaires. Patagonia propose ainsi des programmes de recyclage de produits textiles usagés. Levi’s, de son côté, développe des gammes produites à partir de fibres et de matières textiles recyclées. L’entreprise déploie aussi des systèmes de récupération des vêtements en magasin.
Les marques textiles de luxe s’engagent également dans l’économie circulaire :
- Stella McCartney mise depuis longtemps sur des matières issues du recyclage et expérimente la location pour ses pièces textiles phares ;
- Gucci et Burberry adoptent aussi progressivement des approches circulaires avec des plateformes digitales de seconde main.
En parallèle, de grandes enseignes de la fast fashion comme H&M et Zara tentent elles aussi de s’inscrire dans l’économie circulaire. H&M propose notamment un système mondial de collecte des vêtements usagés, visant à réutiliser ou recycler les fibres textiles. Ces marques qui intègrent à la fois la location, la revente et le recyclage construisent une approche globale de l’économie circulaire.
L’avenir du dépôt-vente et de la location dans la filière textile
Le dépôt-vente est amené à se généraliser, en intégrant de façon plus fluide le parcours client digital et physique. L’essor des plateformes en ligne et des applications mobiles spécialisées en produits textiles renforcera la visibilité des articles de seconde main. À terme, on peut imaginer une hybridation complète entre magasins physiques et plateformes digitales, permettant une optimisation des flux de l’économie circulaire. La location textile, quant à elle, va probablement évoluer vers une stratégie standardisée. Les formules d’abonnement mensuel ou annuel devraient gagner en popularité.
Avec la mise en place de la Responsabilité Élargie du Producteur pour les déchets textiles, dits TLC, les entreprises sont désormais tenues de financer des dispositifs de collecte, de tri et de recyclage. L’enjeu de la REP est d’améliorer la traçabilité et la collecte des TLC. À moyen terme, ces réglementations pourraient se renforcer pour faire de l’économie circulaire une norme de la filière textile.
Chaque année, des millions de tonnes de vêtements sont produits, portés quelques fois, puis jetés. Plébiscités par des consommateurs plus attentifs à leur impact, le dépôt-vente et la location participent à la transformation du secteur du textile.
Ces modèles trouvent leur place dans les habitudes d’achat. Ils s’inscrivent dans une chaîne vertueuse où recyclage et consommation durable s’alimentent mutuellement. Pour les marques de la filière textile qui sauront s’en emparer, c’est l’occasion de créer de la valeur autrement.
Questions fréquemment posées
Qu'est-ce que l'économie circulaire dans le textile ?
L’économie circulaire dans l’industrie textile vise à limiter les déchets en prolongeant la durée de vie des produits et en réduisant la production de neuf. Dans la filière textile, cela passe par la seconde main, la location, la réparation ou l’usage de fibres et de matières recyclées. Le choix des matières influence directement la recyclabilité des vêtements et leur impact sur l’environnement. Certaines matières, comme le coton recyclé ou les fibres mono-matières, sont plus facilement réutilisables. Les matières choisies conditionnent également la durabilité du vêtement.
Le recyclage est une composante clé de ce modèle : il permet de transformer les textiles usagés en nouvelles ressources réutilisables. Le recyclage textile vise, en outre, à réduire la production de produits neufs.
En quoi la location de produits textiles s’inscrit-elle dans l’économie circulaire ?
La location de produits textiles s’intègre à l’économie circulaire en proposant une alternative d’achat. En permettant à plusieurs personnes d’utiliser successivement un même article, son projet est d’allonger la durée de vie. Cette approche limite la production de déchets et l’extraction de ressources naturelles grâce au recyclage des matières premières. La location de produits textiles encourage également un changement de mentalité chez les usagers, qui privilégient l’usage à la possession. Elle complète d’autres leviers de l’économie circulaire comme la réparation ou le recyclage, et limite l’impact sur l’environnement de la filière mode.
Dotées de plateformes logicielles adaptées aux spécificités de cette économie d’usage, les enseignes de commerce unifié se démarquent auprès de consommateurs en quête de consommation responsable.
Quels types de produits textiles peut-on louer ?
L’offre dans l’industrie textile est aujourd’hui très variée. Elle inclut d’abord les tenues événementielles, comme les robes de soirée, qui sont rarement portées et se prêtent naturellement à un usage ponctuel. À cela s’ajoutent des produits textiles du quotidien proposés par certaines enseignes via des formules d’abonnement.
Le dépôt-vente dans la filière textile est-il rentable pour un commerçant ?
Oui, dans l’industrie textile il est rentable, car il repose sur une approche à faible risque : les produits textiles sont mis en vente sans que le commerçant ait à les acheter au préalable. Il attire ainsi une clientèle en quête de bonnes affaires et sensible à l’environnement.
Quelle est la réglementation en vigueur pour la REP des déchets textiles (TLC) ?
La filière REP (Responsabilité Élargie du Producteur) pour les déchets textiles TLC vise à encadrer l’ensemble du cycle de vie des vêtements, linge de maison et chaussures destinés aux particuliers. Elle impose aux entreprises de prendre en charge la prévention des TLC, de favoriser l’écoconception, de prolonger la durée d’usage des produits et d’organiser leur collecte et leur traitement en fin de vie.
L’objectif est de réduire l’impact du textile sur l’environnement à chaque étape de son cycle de vie. Les dispositifs mis en place incluent la collecte, le tri et le recyclage des TLC, assurant une seconde vie aux matières textiles.